Recommandations au Parlement pour la session d'hiver 2018

Initiative parlementaire Abate : Protection de l’enfance Suisse soutient l’allongement de la peine prévue pour des actes d’ordre sexuel avec des enfants.

  • Session d'hiver 2018 : Recommandations adressées au Parlement
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Brèves recommandations au Conseil national

03.424 Iv.Pa.Abate 14.12.2018

Actes d’ordre sexuel avec des enfants. Allongement de la peine prévue par l’art. 187 CP

L’initiative parlementaire souhaite modifier l’art. 187 al. 1 du Code pénal suisse (CP) de sorte que toute personne qui aura commis un acte d’ordre sexuel sur un enfant de moins de 16 ans, qui aura entraîné un enfant de cet âge à commettre un acte d’ordre sexuel, ou qui l’aura mêlé à un tel acte, sera désormais passible d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à dix ans. Comparée au droit actuellement en vigueur, l’initiative exige une peine de prison ferme et le relèvement de la peine maximale pour des actes d’ordre sexuel commis sur des enfants. Alors que, dans le projet de loi du Conseil fédéral concernant l’harmonisation des peines, le premier objet a été intégré dans le Code pénal, celui-ci n’a toutefois pas modifié la peine maximale pour des actes d’ordre sexuel avec des enfants.

Protection de l’enfance Suisse recommande de prolonger le délai imparti et de donner suite à l’initiative parlementaire dans les plus brefs délais.

Un enfant a droit à un développement sexuel naturel. En ratifiant la Convention relative aux droits de l’enfant (CDE), la Suisse s’est engagée à protéger l’enfant au moyen de ses lois et d’assurer qu’il reçoive les soins nécessaires à son bien-être (art. 3, 4 et 39 CDE). Avant cette ratification, la mise en danger du développement psychique de l’enfant était, certes, également reconnue, mais une peine maximale plus basse était prévue (art. 187 chiffre 1 CP). Cette peine est toujours en vigueur aujourd’hui. Le Code pénal devrait refléter l’évolution et les valeurs de la société. Il doit montrer clairement qu’un adulte n’a, en aucun cas, le droit de satisfaire ses besoins sexuels au détriment d’un enfant et de compromettre ainsi son bon développement. Aujourd’hui, une peine de prison de cinq ans au maximum est appliquée, et, en cas de ré-cidive, elle pourra aller jusqu’à sept ans et demi. Dans les pays voisins, les peines maximales sont beaucoup plus élevées (p. ex., 20 ans en France, et 15 en Allemagne). Cette peine maximale comparativement basse est particulièrement révoltante lorsqu’il s’agit de cas d’abus systématiques d’un grand nombre d’enfants ou qu’ils sont perpétrés par des membres de la famille. La peine encourue pour de tels délits est ainsi la même que celle qui sanctionne des infractions contre le patrimoine (art. 144 CP). Il conviendrait toutefois d’accorder plus d’importance à l’intégrité physique et psychique d’un enfant. Sinon, le Code pénal suisse enverrait là un signal fort négatif. Une peine maximale de dix ans de prison pour les cas particulièrement graves contribuera à renforcer le sentiment de justice aussi bien pour les victimes que pour la société. D’autre part, elle empêchera qu’un cas de récidive ne se produise au cours des dix années qui suivent.
17.486 Initiative parlementaire Mazzone 29.11.2018

Mettre fin à la détention administrative de mineurs, dans le respect de l’intérêt supérieur de l’enfant.

L’initiative parlementaire souhaite modifier la loi fédérale sur les étrangers (LEtr) en interdisant la détention administrative de migrants mineurs. Dans le droit actuel, la détention administrative de migrants âgés de 15 à 18 ans est admise sous certaines conditions selon les art. 73–81 de la LEtr.

Protection de l’enfance Suisse recommande de donner suite à l’initiative.

En Suisse, des enfants de 15 à 18 ans peuvent être placés en détention administrative jusqu’à 12 mois au plus. Or, une détention, même de courte durée, a des conséquences graves sur la santé psychique de ces enfants, en particulier lorsqu’ils ont été traumatisés pendant leur fuite (voir à ce sujet le rapport de Terre des Hommes, 2016). L’incarcération de ces jeunes n’est pas compatible avec le bien supérieur de l’enfant. La détention administrative a pour objectif de garantir le départ de Suisse de migrants obligés de quitter le pays. S’il s’agit, en revanche, de migrants mineurs, une telle détention viole le principe de proportionnalité. Il existe des mesures de contrainte alternatives qui sont tout aussi efficaces et, en outre, nettement moins onéreuses que leur emprisonnement. De nombreux cantons ont donc déjà renoncé complètement à leur appliquer cette mesure, prouvant ainsi qu’il existe d’autres solutions, et qu’il est possible de respecter le bien supérieur de l’enfant.

Brèves recommandations au Conseil des États

17.058 Objet du conseil fédéral 27.11.2018

Loi sur les télécommunications. Révision

Avec la présente révision de la loi sur les télécommunications (LTC), le Conseil fédéral entend prendre en compte l’évolution fulgurante de ce secteur. Le nouvel art. 46a a pour but de protéger les enfants et les jeunes des dangers liés aux services de télécommunication.

Protection de l’enfance Suisse recommande de donner suite à la décision du Conseil national à propos de l’al. 1 et d’accepter la demande de modification de sa commission concernant l’al. 2.

Du point de vue de Protection de l’enfance Suisse, la révision de la loi sur les télécommunications contribue à une meilleure protection de l’enfant. Nous saluons particulièrement le fait qu’en introduisant l’art. 46a al. 1 LTC, le Conseil fédéral se dote de compétences claires pour édicter des règles visant à protéger les enfants et les jeunes. Il est en outre important et judicieux d’obliger désormais juridiquement les fournisseurs de services de télécommunication à verrouiller l’accès à toute pornographie illégale, et notamment à la pornographie enfantine. Mais bloquer ces sites ne suffira pas. Pour respecter l’intérêt supérieur de l’enfant, il faut aussi supprimer les contenus de pornographie enfantine. Cela permettra, d’une part, d’«assécher» le marché en la matière, et, d’autre part, d’empêcher que d’autres amateurs de pornographie enfantine ne regardent ces contenus illicites, et qu’ainsi l’enfant victime de ces abus soit protégé. Protection de l’enfance Suisse recommande donc de suivre la décision du Conseil national relative à l’art. 46a, al. 1bis LTC. Afin de pouvoir lutter avec succès contre la pornographie enfantine, il est nécessaire que la police prenne conscience de son existence. Obliger les fournisseurs de services de télécommunication à communiquer leurs soupçons permettra à la police d’identifier sans ambiguïté les contrevenants et de procéder, le cas échéant, à la suppression de ces contenus à l’échelle internationale, comme le propose le Conseil national avec l’art. 46a al. 1bis. L’ordonnance sur la surveillance de la correspondance par poste et télécommunication (LSCPT) règle l’obligation de collaborer, notamment sur la base de la taille des fournisseurs de services de télécommunication. C’est la raison pour laquelle Protection de l’enfance Suisse vous recommande d’approuver la demande de mo- dification de votre commission concernant l’art. 46a al. 2 LTC.
16.065 LPC 27.11.2018

Modification (Réforme des PC)

Le Conseil fédéral a lancé la réforme des prestations complémentaires (PC) afin d’optimiser le système actuellement en vigueur. Il propose à cet effet des modifications de la loi fédérale sur les prestations complémentaires à l’assurance-vieillesse, survivants et invalidité (LPC). Les prestations complémentaires correspondent à la part des dépenses reconnues qui excèdent les revenus pris en compte. C’est notamment le cas du montant des dépenses pour les enfants.

Protection de l’enfance Suisse recommande de s’en tenir aux décisions de votre Conseil à propos de l’art. 10 al. 1, lettre a, chiffre 3 LPC et de rejeter les propositions de modification de votre commission.

Les enfants ne doivent pas souffrir de la réforme de la LPC. Ceux qui grandissent dans des familles touchées par la pauvreté représentent un groupe particulièrement vulnérable. Il incombe à l’Etat de protéger précisément le bien-être de ces enfants et d’empêcher qu’ils ne soient défavorisés dès le début de leur vie. Il ne faudrait pas que l’on fasse des économies dans ce domaine. Les coupes sombres concernant les besoins vitaux de l’enfant doivent, selon votre commission, reposer sur un seuil artificiel de onze ans. Il convient de rejeter cette proposition. Les enfants sont la source de coûts supplémentaires dans une famille à tout âge – qu’il s’agisse d’un enfant de six ans, qui a besoin d’un cours de soutien privé à l’école, ou d’un jeune de seize ans en formation. Il ne faudrait pas qu’une distinction artificielle conduise à des discriminations.
18.026 Loi sur les étrangers 12.12.2018

Normes procédurales et systèmes d’information

Le projet de modification de la loi sur les étrangers (LEtr) souhaite y intégrer l’évolution observée dans le domaine des migrations, afin de mieux répondre aux besoins des mineurs non accompagnés et des familles avec des enfants mineurs en détention administrative. Lors de la session d’hiver 2018, le Conseil national a décidé à cet égard que les conditions de détention devaient s’orienter sur les prescriptions de l’art. 37 de la Convention relative aux droits de l’enfant (nouvel art. 81 al. 4, lettre c LEtr).

rotection de l’enfance Suisse recommande de suivre la décision du Conseil national concernant l’art. 81 al. 4, lettre c LEtr.

Protection de l’enfance Suisse salue la proposition du Conseil national, selon laquelle, en cas de détention administrative de mineurs, les conditions d’exécution de cette mesure doivent s’orienter sur l’art. 37 de la Convention relative aux droits de l’enfant. Selon cette dernière, la détention d’un enfant en particulier doit être uniquement appliquée, selon les prescriptions légales, en dernier recours et pour la durée la plus courte possible. La détention administrative de mineurs est une mesure draconienne, qui porte gravement préjudice au bien de l’enfant. Protection de l’enfance Suisse est donc fondamentalement contre toute détention administrative de migrants mineurs (voir aussi notre recommandation sur l’initiative parlementaire 17.486 Mazzone).
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